
« Il parait qu’un arbre qui tombe dans une forêt ne fait pas de bruit si personne n’est là pour l’entendre »
Matylda Florez (1997) est artiste, anthropologue, ceuilleuse et glâneuse d’histoires. À travers une démarche participative, elle crée des espaces où se racontent des contre-récits, contestant les formes de narrations dominantes afin de faire éclore d’autres possibles collectifs. Cette installation forever in process est née d’une recherche anthropologique et d’un processus de création participatif. Activé par le biais d’une performance, cet espace-refuge, mobile, constitue un lieu de résistance face à un système de destruction massive. Elle raconte le récit d’une association menacée d’expulsion, de ses membres et de ses luttes passées, présentes et futures. L’association LO’13’TO est née en 1988 à l’Ilôt 13 pour faire face aux menaces de destruction du quartier. En mars 2024, la Ville de Genève, propriétaire des arcades, condamne l’association à évacuer ses locaux. S’en suit une série de démarches administratives et politiques pour contrer cette expulsion. Dans cette dynamique, Matylda transforme LO’13’TO en un atelier d’impression manuelle sur des draps blancs en coton récupérés. Se bâtit alors une archive collective, vivante et émotionnelle dans laquelle utopie, fiction et réalité s’entremêlent. De ces moments émane un nouveau récit dans le récit. Objets et documents sont reproduits collectivement. Ils dialoguent avec des fragments de discussions et d’instants éphémères capturés puis retransposés. Cet espace-refuge résiste à ce que Ursula K. Le Guin appelle l’ « Histoire-qui-tue », l’histoire hégémonique du héros et de sa lance. Ainsi l’archive apparemment non-héroique devient un outil émancipateur contre l’oubli, maintient vivantes les subjectivités occultées, et tel le compost, forge la vie dans un silence assourdissant.


