
Histoires cuites et récits crus
Emma Berger-Pierre
Les unes aux autres, elles se racontent des histoires familiales ; elles créent des espaces de recueil où sont tissées des manières d’être en relation avec l’absence et les archives. Leurs amitiés se posent comme des espaces où abondent les débordements et les ruissellements, comme des terreaux sains pour formuler des récits qui s’engagent dans une écoute particulière. Il y a un relâchement et une mise de côté de la prudence qui permettent aux histoires de circuler avant de pouvoir ouvrir des processus de questionnements et d’écoute dans la famille. Les céramiques recueillent le poids de ces récits ; elles s’enveloppent de la digestion lente des histoires qui se transforment dans leurs corps. Les temps allongés des discussions, nourris de souvenirs et de silences qui se frottent sous la chaleur des retrouvailles, leur créent une peau neuve qui a souvent des reflets roses ou argentés. Comme des vinyles, leur chair est gravée des sons, des murmures, des éclats de rire et des pleurs. Elles pleurent pour se rendre et s’abandonner à l’asynchronisme ; un exercice pour sentir présentes des choses du passé ou de l’avenir. Elles forment alors un philtre documentaire, une altérité, permettant de ne pas seulement entrer dans une histoire intime, mais de faire résonner ces différentes histoires.



